Ce livre est une étude approfondie de la politique étrangère d'Haïti sous la présidence de François Duvalier, dans le contexte particulier de Guerre froide, marquée notamment par un affrontement entre deux superpuissances, les États-Unis et l'Union soviétique, et un effet d'entraînement et de réactions en chaîne d'autres acteurs comme la France, la République Dominicaine, Cuba, la hiérarchie de l'Église catholique romaine dans la sphère d'influence géopolitique, idéologique et stratégique que représentait Haïti. En se plaçant délibérément dans une perspective historique, et plus encore, en recourant à une analyse sociopolitique, biographique en profondeur de la vie de François Duvalier et de son régime - son style, sa personnalité, ses ambitions, sa logique d'action par rapport aux opportunités politiques internes et externes -, l'auteur éclaire de façon à la fois originale et frappante le processus d'instrumentalisation des appareils de la politique étrangère sous la gouvernance de Duvalier. De plus, il nous invite à une relecture du duvaliérisme en se basant moins sur la nature violente et hégémonique du régime que sur une approche historique et globale tenant compte des forces profondes, occasionnelles, incontournables, des pratiques politiques et leur enjeu, des tractations, des propagandes et des mises en scène idéologiques opérées par Duvalier pour consolider son pouvoir. C'est en tenant compte de ces multiples forces d'attraction que Duvalier va réussir à attirer à la fois animosité, méfiance mais aussi assistance économique et reconnaissance internationale pour son régime. La force de l'argumentation de l'auteur s'appuie sur un cheminement théorique, à la fois historique et politique, nous invitant à ne pas dissocier la politique intérieure de Duvalier de sa politique étrangère dans la dynamique de la Guerre Froide. L'ouvrage montre avec éloquence comment toute la structure de l'appareil de la politique étrangère de Duvalier mise en place dès les années 1957, en plein milieu des rivalités pro et anti-communistes, obéissait et s'adaptait aux fluctuations, contradictions, imbrications, contraintes et surtout au laisser-faire des puissances étrangères présentes dans la politique de l'île. Duvalier s'est érigé en seul maître de la politique étrangère d'Haïti, concentre les décisions, multiplie les incidents diplomatiques, brandit l'arme communiste quand paradoxalement il se fait passer pour pro-américain en concédant aux États-Unis de grands avantages dans l'économie nationale et dans l'espace géographique du pays.