Résilience, persévérance, pardon, amour, sont les mots qui résonnent dans ces nouvelles, qui racontent des histoires singulières de femmes, des mères, qui doivent se battre au quotidien pour survivre, pour se dépasser, relever les défis et les épreuves qui s'imposent à elles. Le monde d'aujourd'hui se doit d'être meilleur pour sa survie et tout doit se bâtir dès la cellule familiale pour un épanouissement de chaque membre de cette lignée. Qu'on le veule ou pas, qu'on aime cette idée ou pas; la femme est le pilier de cette construction indispensable, elle doit donc se regarder, se considérer différemment et prendre son destin en main.
Cette assertion de l'autrice Princesse du Wouri nous engage dès le début de son oeuvre à prendre part aux différents récits de vie de femmes.
Des thèmes poignants, interpellants, fédérateurs et surtout engageants. La femme au coeur de tous ces moments de vie: l'amour, la trahison de l'homme aimé, la violence conjugale, la maternité, la solitude face aux vicissitudes de la vie.
Dès la première nouvelle, Sonia s'impose comme figure emblématique de l'épouse trompée, surprise par la puérilité de l'errance masculine de Vivien qui sombre et s'enferme dans le déni. Cet enfant qui est le témoignage de la trahison n'existe pas. Sa souffrance atteint son paroxysme elle se réfugie dans la
Dépression.
Le tourment vécu par les femmes non fertiles est peint avec une telle virtuosité.
Aurélie, mère d'une famille de cinq enfants, autre figure de proue endosse à elle toute seule l'irresponsabilité de son époux détruit par l'alcool et ses moeurs légères.
Son abnégation et son travail sans relâche pour sortir sa famille et d'autres familles de la précarité et la misère
n'auront cure de l'infidélité de Simon son époux, adultère.
La Mama Africa, mère d'Edmond Petit Doc le pharmacien qui ne devra pas seulement donner des antidotes aux maux de leur monde.
Emballée par sa plume, la virevolte continue et s'arrête dans
Le couloir des Adieux
où se terminent des unions ratées
. Le silence des lieux, verdict et violence riment avec
ses
histoires singulières de femmes
ayant comme
dénominateur commun leur souffrance.
Aucunes ne se laissent happées par la misère de leur vie, elles combattent telles des amazones les maux
qui
gangrènent leurs vies: mensonges, vices, veuleries, abus,
violences, l'adultère, la mort.
Travailleuse acharnée, Mme Valoux symbolisera l'abnégation, la résilience. Sa vie, ses amours
bouleversants laisseront éclore une promesse de vie avec la naissance post mortem d'Alain, de Francine.
L'immigration clandestine avec son lot d'incertitudes, de peurs, de morts et de survie est abordée par le
récit de vie
de Kimi.
Vers l'inconnu
permet à l'auteur d'atteindre le point culminant de son chef d'oeuvre littéraire car elle célèbre ici la transmission intergénérationnelle féminine.
Princesse du Wouri termine cette Odyssée de Femmes par
Lettre à mon âme soeur
qui telle Ariane nous conduit dans les méandres du labyrinthe du Monde. La revanche sur la vie sera prise.
En cela, elle emboite le pas à la célèbre romancière Mariama BA, qui dans
Une Si longue lettre
abordait déjà les problèmes des Femmes. Ce recueil de nouvelles, genre choisi par Princesse du Wouri prendra sa place parmi les chefs d'oeuvres de littérature féminine Africaine.