PREFACE
Le Blanc est arrivé avec sa puissance de feu. Le Blanc a vaincu. Il a vaincu les pères de Kwachi Bédia sans pour autant les convaincre. Car cette civilisation qui arrivait pour s'impatroniser et répondre aux désirs des Occidentaux de se faire maîtres et possesseurs de la nature avait ce quelque chose de lacunaire qui n'avait pas échappé à Kwachi Bédia. Aucune civilisation, aucune culture ne détient la perfection. La vérité n'est nulle part entière. Elle est, pour parler comme le sage Hampâté Bâ, une affaire de croissants de lune. Le savoir de chacun des peuples qui forment l'humanité est une partie de ce vaste tout que constitue la civilisation universelle.
Au rendez-vous de l'universel, du donner et du recevoir, chacun apporte son savoir-faire. Le Blanc, le Rouge, le Jaune, le Noir doivent s'y mettre effectivement car la vie vraie est variété et diversité, couleur luxuriance. Mais, pour que chacun apporte le meilleur de ce qu'il a ou de ce qu'il est, encore faut-il qu'il en ait conscience et qu'il en soit fier ! Car en vérité, celui qui ignore le nom de son clan est un esclave dit un proverbe africain. La connaissance de l'essentiel de soi et de son univers, voilà qui paraît indispensable pour aller à la rencontre de l'altérité. C'est l'une des conditions pour prétendre être soi devant l'en soi. Or beaucoup, et peut-être même l'essentiel de nous-mêmes est en train de mourir, bien souvent de notre propre faute, par le fait de cette curieuse attitude de mésestime et de haine de soi. Comme si, nous Africains Noirs, ne supportions plus notre propre odeur ! Comme s'il fallait inventer une raison d'être au Noir et du Noir !
(Suite voir livre)
YODE SIMPLICE DION
Enseignant-chercheur en Philosophie politique et morale
Université FHB de Cocody-Abidjan
Président de l'Association Ivoirienne des Professeurs de Philosophie (AIPP)
Ecrivain - Chroniqueur politique