Le caractère sérieux d'une société réside dans l'importance qu'elle accorde à l'éducation. Car, quand c'est par l'éducation qu'un homme est devenu monstre, il est vraiment monstre. En plus des tendances naturelles exacerbées, il détient des valeurs intellectuelles déformées qu'il va infléchir en vue de parfaire sa monstruosité[1]. En d'autres termes, une éducation confiée à des intrus dans la société à destination des hommes de demain que sont les enfants d'aujourd'hui, est en soi un suicide collectif[2]. L'une des premières évidences qui frappent l'esprit qui parcourt les multitudes Constitutions d'Haïti sur deux siècles est l'idée de gratuité et celle du caractère obligatoire de l'instruction. Pourtant, les statistiques et la réalité des populations établissent le constat d'une situation d'analphabétisme effarante. En fait, le sous-développement va de pair avec l'anal-phabétisme autant que l'éducation est une condition du développement. Cet ouvrage résulte d'un exercice qui consiste à cerner surtout la vision que les Haïtiens se font de l'éducation durant les deux siècles de leur existence afin de comprendre le développement chronique du sous-développement. Celui-ci se présente comme la trame de l'existence d'un peuple dont l'histoire, pourtant, le rattache à un passé si glorieux qui est dans le présent sapé dans ses fondements par des agissements sempiternels qui sont antinomiques à la rationalité sociale et politique. [1] . Pierre D. (Delima) (1996). . Port-au-Prince. Presse Évangélique, 257e opinion, p. 81. [2] . ., 258e opinion, p. 81.